Une impression de déjà-vu | Chris & Max

Pas mal de choses ont changées ces derniers temps dans mon mode de vie. Points positifs ? Je ne suis pas mort et je peux continuer d’emmerder Red. Points négatifs ? Je dois me nourrir exclusivement de sang de strigoïs apparemment et Red n’arrête pas de me surveiller, comme si elle avait peur de me voir claquer ou dérailler d’un moment à l’autre. Faut croire que cette fameuse soirée l’aura vachement secouée et en même temps il y avait de quoi. Ce n’est pas facile de devoir me limiter au sang de strigoïs, déjà parce qu’il faut les chasser et que les strigoïs ont toujours été plus puissants que les moroïs, et je n’ai pas envie d’entraîner Red dans mes nouvelles emmerdes. Heureusement Peter m’aide un peu de ce côté-là mais… Je n’ai pas envie de trop lui en demander non plus, être indépendant a toujours été quelque chose d’assez important pour moi. Sauf que mon indépendance je ne pourrais jamais vraiment l’avoir tant que je serais relié à l’unité et ils n’ont visiblement pas l’intention de me lâcher de sitôt.

De nouvelles missions tombent et si je ne veux pas que des problèmes nous tombent dessus, j’obéis aux ordres, même si habituellement ce n’est pas mon truc, je pense surtout à Red. Alors je me rends au rendez-vous qu’on m’a transmis, apparemment il y aurait un type de l’unité qui serait sur le dos d’un groupe de strigoïs et c’est moi qu’on envoie en renfort, soit disant parce que mes pouvoirs leurs seraient utiles. Tu parles, avec toute la technologie qu’ils ont l’unité a largement ce qu’il faut pour me remplacer, mais c’est justement ça le truc, un moroï est bien plus envisageable à remplacer qu’un humain. Ils veulent le moins de pertes possibles de leurs côtés mais ils s’en foutent des autres vies à sacrifier, ça je l’ai toujours su de toute façon. Tout ça pour dire que je me rends à contrecœur à l’adresse indiquée, et plus j’avance dans ces tunnels, plus mon instinct de survie grandit et me hurle de faire demi-tour… Sauf que je continue d’avancer parce que je sais que je n’ai pas vraiment le choix.

J’entends un hurlement et suis ce genre d’idiot de service qui presse le pas pour aller voir ce qu’il se passe plutôt que de se casser loin d’ici. Sauf que je n’arrive jamais à destination, il y a un corps qui me barre la route, une main qui se plaque contre ma bouche et une foutue lame qui se plaque contre ma gorge. A part ça je dirais que tout va pour le mieux. Si mon cœur loupe un battement, je me calme bien assez vite quand je comprends que la personne n’a pas l’intention de me tuer, pas si je me tais en tous cas. Ok, pourquoi pas, me la fermer devrait être envisageable. Je me mets à acquiescer alors que sa main est toujours plaquée contre ma bouche et elle finit par la retirer, tout comme la lame sous ma gorge d’ailleurs. Tant mieux, je suis chatouilleux dans cette zone. Je dévisage un peu mieux la jeune femme lorsqu’elle me demande ce que je fous aussi proche d’un groupe de strigoïs. Sauf que je ne suis pas tant concentré sur sa voix mais plutôt sur son regard… J’ai déjà vu ces yeux quelque part. Le plus troublant est probablement qu’elle semble avoir la même sensation que moi.

« Crois-moi si on s’était déjà croisé tu n’aurais aucun doute à ce sujet. »

Vantardise du jour, bonjour ! Je ne sais même pas pourquoi je prononce ces mots, peut-être parce que je préfère être le premier à me souvenir, au cas où elle ne serait pas très fréquentable. Le combat se poursuit à côté et je jette quelques coups d’œil vers la zone d’où proviennent les sons avant de reposer mon regard dans celui de la jeune femme.

« Tu ne devrais pas traîner ici, comme tu l’as si bien remarqué ce n’est pas très fréquentable. »

Et je m’apprête à avancer mais il y a sa main qui se pose sur mon bras pour me faire bien comprendre que je n’irais nulle part tant qu’elle ne l’aura pas dit. Sérieusement ? Je n’ai pas vraiment de temps à perdre avec ce genre de choses actuellement.

« Ecoute, t’entends le gars qui hurle ? C’est un humain qui a besoin de mon aide. Je ne sais même pas si j’ai réellement une chance de le sauver, peut-être bien que je crèverais en essayant mais si je n’essaie pas ils me tueront de toute façon. »

Et là j’en ai peut-être trop dit mais tant pis, la situation urge et si elle ne me relâche pas rapidement c’est elle que je vais devoir affronter en premier, autant dire que je préférerais me passer d’un combat supplémentaire. Faites l’amour pas la guerre, c’est ce que je n’arrête pas de leur répéter à longueur de journée, mais l’unité est tellement bornée qu’elle préfère sortir les armes au moindre mouvement. Foutus psychopathes.