Histoire
Comment parviendrais-je à résumé ma vie en quelques lignes ? Je ne sais pas, mais je peux essayer après tout pour vous.
Commençons donc, je m'appelle Damian, un prénom d'origine grecque si vous vous demandiez, d'après l'un de mes nombreux frère, ma mère avait une obsession pour ce type de prénom à ce moment de ma vie. Je n'ai jamais pu lui demander, je ne l'ai pas vraiment connu. Pendant une partie de mon enfance, je n'ai vu ma mère qu'enceinte, enchaînant les enfants jusqu'à ce qu'elle meurt lors d'un accouchement. Je possède donc 5 frères et 1 soeur. Enfin ça c'est parmi les vivants bien sur. Mon frère, je ne l'ai pas vraiment connu. C'est surtout mes frères qui m'ont élevé. Mais l'enfance n'est pas la partie vraiment intéressante de ma vie.
J'ai toujours su que je souhaitais être un soigneur, vétérinaire ou médecin, chirurgien ou infirmier. Peu m'importait, tant que je pouvais prendre soin de l'autre. J'ai commencé des études de médecine et c'est lors de mon internat que j'ai découvert une chose qui me plaisait encore plus que la médecine : l'enseignement de mes connaissances. Pas réellement professeur, mais plutôt médecin enseignant. Oui, je sais cela correspond à un Professeur, mais je ne le suis pas, je n'ai pas l'âge requis. Toutefois, cet enseignement m'a permis de me démarquer des autres, je suis vite devenu l'enseignant en médecine de ma promotion puis de celles inférieurs et même de celles supérieures. Je passais beaucoup de temps avec un autre étudiant nommé Victor. Ce dernier m'a finalement présenté à quelques unes de ses connaissances. J'ai continué pendant un temps mes activités, puis ses connaissances m'ont proposés un internat dans un laboratoire apparemment très avancés technologiquement. Apparemment, j'allais pouvoir apprendre beaucoup de techniques nouvelles et d'autres plus anciennes qui n'étaient plus vraiment enseignés. Finalement, l'appel de la connaissance a gagné.
Je me rappelle avoir été surpris la première fois d'apprendre que je devais passer par une formation militaire avant d'être intégré à l'équipe d'internes. Puis finalement, j'ai passé mes classes sans rien dire, me disant que le laboratoire devait être gardés et qu'ils souhaitaient que nous sachions comment obéir. Mais ensuite, je me suis retrouvé devant des lieux fermés et inaccessibles et là aussi, j'ai été pris par surprise. Finalement, je n'ai su la réalité que deux ans plus tard.
On m'a invité, avec un autre interne à entrer dans un niveau sécurisé où j'ai appris l'existence des moroïs, des strigoïs et des dhampirs. Je veux dire, je me doutais de leurs existences, certains bilans sanguins que nous recevions à analyser été juste trop anormaux pour qu'ils soient humains. Mais là, être confronté à la réalité a été un choc. Mais le pire a surement été quand on m'a présenté les deux frères. Au départ, c'était à travers une vitre sans-teint. Je serais incapable de leur donner un âge mais j'avais supposé qu'ils devaient avoir moins de vingt ans. Ils avaient pourtant une maturité dans le regard qui leurs donnaient plus que mon âge. Je ne comprenais pas comment les gens autour de moi pouvaient trouver ça normal d'enfermer deux êtres humains. Rappelez-vous, j'étais là pour enseigner et devenir médecin et non pas pour jouer au scientifique.
Il m'a fallu longtemps pour convaincre mes supérieurs de me laisser m'approcher des deux frères. Mais finalement, j'ai pu le faire, je me suis retrouvé face à l'indifférence du premier et la curiosité du second. Je me suis présenté comme un interne, un nouvel arrivant qui souhaitait leur parler régulièrement. J'ai eu le droit à des regards un peu vide. Mais au fil des conversations, je pense avoir réussi à briser un peu la glace. J'avais devant moi deux garçons qui n'avaient jamais rien connus et n'avaient jamais pu devenir des hommes. J'ai du le justifier à mes supérieurs, mais j'ai fini par trouver le moyen de les occuper un peu. J'ai pu leur amener des livres, leur montrer des films, leur enseigner ce que je connaissais. Et plus je les fréquentais, plus je me retrouvais révolter par cette situation.
L'aîné ne parlait pas souvent, presque jamais en fait. Je savais que je n'avais le droit qu'à sa méfiance. Ce n'était pas le cas du cadet. Je me suis retrouvé proche de lui, plus que d'aucun de mes anciens élèves. J'ai pu apprendre avec lui ses goûts, tenter de les deviner, lui apprendre de nouvelles choses, de nouvelles sensations. J'ai appris à le connaître, à comprendre quel être sensible il était. Et j'ai pu remarquer à quel point cette vie était en train d'user sa lumière. Ma décision était déjà prise avant, mais la date a été avancé face à cette révélation.
J'avais une complice parmi les gardes. Avec elle, nous avons pu déterminer le meilleur jour, j'ai pu laisser les garçons sous sa surveillance pendant que je préparais leurs vies futures. J'espérais pouvoir les revoir mais je ne le croyais pas vraiment alors j'ai préparé deux lettres à leurs encontre avec de nouvelles identités. Pour Garrett, la lettre était simple, contenant des indications et quelques encouragements. Pour Jace, c'était un peu plus complet. Je savais que s'il lisait cette lettre, c'est que j'étais perdu, alors je voulais lui donner quelque chose à quoi se raccrocher. Je voulais lui rappeler qu'il était fort et qu'il ne devait pas avoir peur de sa vie future parce qu'elle ne pouvait que lui sourire. Et j'ai organisé une espèce de chasse aux trésors, lui fournissant quelques informations sur des activités que j'avais aimé et que je voulais qu'il essaie. Je savais qu'il suivrait ses indications et j'espérais qu'avec cela, il trouverait ce qu'il aimerait faire de sa vie.
Finalement le jour J est arrivé. Ce jour-là, j'ai du tuer un homme pour la première fois. Je ne me suis pas laissé appesantir là-dessus, sachant que je n'avais pas le temps. J'ai fais sortir les frères, serrant l'épaule de Garrett, enlaçant une dernière fois Jace. Notre départ a été facilité par mon alliée mais... J'ai senti cette souffrance extrême, je me suis senti tomber à genoux et quand j'ai baissé le regard j'ai vu l'énorme trou dans mon ventre. J'ai tenu mes boyaux contre ma main pour les retenir dans mon corps mais je savais que je pouvais juste gagner du temps. J'ai croisé le regard horrifié de Jace mais je savais que nous ne pouvions pas nous permettre de perdre du temps. Alors j'ai regardé Garrett et il a compris. Ils ont réussi à fuir tous les deux pendant que je les couvrais avec mon pauvre pistolet. Malgré ma courte formation militaire, je n'avais aucune chance, je le savais. Mais je pensais que j'allais mourir avant qu'ils ne me retrouvent, j'ai eu tord.
Je me suis réveillé dans une cellule. J'ai compris plus tard que c'était la cellule de punition des garçons. Elle est devenue la mienne. Je me suis réveillé avec cette soif intense et ces pensées qui n'étaient pas les miennes, qui parlaient de violences, de sang, de meurtres, et même de sexe. Et puis mon corps me brûlait, m'implorait de quelque chose que je ne comprenais pas.
Mes anciens collègues sont devenus mes bourreaux. Au début, c'était des injections dont je ne comprenais pas le but. Je savais juste, pour avoir cédé à mon envie de mordre un garde, qu'à cause d'eux je ne pouvais boire que le sang qu'il me donnait en poche. Et encore, dès fois il y avait des poches que je ne pouvais pas boire. J'ai fini par comprendre qu'ils m'avaient apparemment programmé pour que je ne puisse avaler qu'un seul sang et que mon corps le reconnaissait instinctivement. Et après cette programmation, ils ont commencé un lavage de cerveau. Qui n'a pas réellement marché mais j'ai fais semblant que oui. Leur but : me formater à vouloir tuer les garçons. Ils me mettaient devant pleins de situations différentes et me forçaient à imaginer leurs mises à morts. Encore, encore et encore. En même temps, il me rabâchait les oreilles de principes sur la loyauté, la confiance, la maîtrise, la mort... Je ne suivais pas tout. Pour ma propre survie, j'avais enfermé l'ancien Damian dans une part de mon être et j'avais laissé un robot à ma place.
Puis un jour tout s'est arrêté. Mes anciens supérieurs sont venus à moi, le regard froid pour me dire les mots suivant : "
Mr Damian Haas, après vos derniers tests, nous avons pu confirmer que vous n'étiez pas dangereux pour la société. Ainsi, nous vous autorisons à vivre, ne faites pas de vagues ou nous pourrions changer d'avis." Ils ont fait demi-tour et j'ai finalement croisé le regard de mon ancienne alliée. Je me souviens qu'à travers le brouillard, j'ai été surpris de la voir encore en vie. Elle m'a apporté une sacoche avec plusieurs poches de sang ainsi qu'une enveloppe contenant une adresse. Etant d'un naturel curieux, j'ai décidé de me diriger vers cette dernière et puis quoi qu'il puisse me mettre devant moi, j'ai besoin d'aller dans ce lieu. De ce que j'ai compris, Missoula est la ville des strigoïs et ce n'est pas comme si j'avais réellement pu me familiariser avec mon nouvel état. Alors j'aurais bien besoin d'un dernier coup de pouce.
Sujet: Damian 
Dim 26 Mai - 22:02
