Who is the devil ?

Who is the devil ?

Beaucoup de choses se déroulaient dans cette ville. Des rencontres, des retrouvailles, des passes de pouvoirs. La loyauté de cette ville avait d’abord été envers Lucian O’Brien mais maintenant, elle semblait partagée. La ville avait toujours appartenue aux moroïs en apparence, depuis quelques années, elle était aux mains de ce Lucian et depuis quelques mois aux mains de tous les strigoïs assez puissants pour s’élever. Etait-ce cela qui t’intéressait tant dans cette ville, mon frère ? Même si Malia avait disparu de la ville, ne me donnant que quelques nouvelles par messages, j’étais resté pour toi. Je souhaitais savoir ce qui était si intéressant dans cette ville à tes yeux. Ce qui avait pu t’y attirer et te faire rester, sans compter bien entendu la présence de Kahlan. Alors même si tu m’avais volé mon pendentif, j’étais tout de même venu te porter secours. Et il semblerait que nous aurons beaucoup de choses à nous dire à notre prochaine rencontre, n’est-ce pas, Lucas ?

Sans faire de bruit, je me glisse hors de mon appartement, faisant un arrêt rapide sur la boîte aux lettres et j’ai la surprise d’avoir un courrier à l’intérieur. Je sens mes yeux se plisser pendant que j’observe cette invitation concernant un cabaret imprimé au recto. Une signature se trouvait écrite d’une main soigneuse au verso : Malia Steele. Sauf que j’avais vécu presque toute ma vie en la compagnie de la belle strigoï et je savais parfaitement reconnaître son écriture. Stupide. Pas si stupide que ça puisque je savais reconnaître un piège maintenant il resterait à savoir pour quelle raison il était tendu et par qui. Je faisais tournoyer l’invitation entre mes doigts quand je commençais à marcher dans Missoula. Ce n’était pas le genre de mes connaissances d’agir ainsi alors qui pouvaient agir aussi follement ? Je glissais finalement l’invitation dans la poche de ma veste avant de sortir mon téléphone. « Nous devons parler, appelles-moi. Daniel. » J’envoyais ce simple message à Malia et je rangeais mon téléphone sans attendre de réponse. Connaissant Malia, il lui faudra quelques heures pour regarder son téléphone et penser à répondre. Elle aimait tester ma patience mais elle n’aimait pas les mystères et elle voudra savoir ce que je souhaitais lui dire. En attendant, j’avais le temps de répondre à cette invitation pour avoir les réponses à notre future conversation.

Je jetais un regard au nom illuminé du cabaret, pinçant les lèvres. Vraiment ? Il y avait l’air d’avoir énormément de monde ce soir et je ne tenais vraiment pas à me retrouver au milieu d’autant de pions transpirants et aux cœurs battants. Je soupirais, me demandant sérieusement si ma curiosité valait cette épreuve… Lâche. Lâche. Lâche ! Rien à voir la petite voix, simplement aucune envie de me forcer pour si peu. Je poussais un soupir et je passais malgré tout la porte, parce que sinon la petite voix allait intervenir toute la soirée. Je marquais un temps d’arrêt aux odeurs, aux sons et à la fumée qui envahissaient la salle. Je faillis même faire demi-tour. Trop de sensations désagréables. Mais je serrais les dents et j’avançais. Vraiment, il fallait que cela vaille le coup. Ou alors je risquais de faire un massacre. Quoi que… Avais-je réellement besoin d’une raison pour cela ? Cela risquait d’agacer ma sœur mais de toute façon tout l’agaçait ces derniers temps. Peut-être que cela pourrait rendre tes ennemis un peu plus présent, Lucas, qu’en penses-tu ? Cela serait amusant d’ajouter d’autres joueurs dans cette partie.

Je ne prêtais qu’une attention distraite à la scène quand j’entendis un nom bien connu : Malia Steele. Le nom qui avait provoqué ma venue en ses lieux. Je tournais le regard vers la scène, étonné d’entendre parler d’une danse et d’un chant pour Malia. Sans compter que je la connaissais, ce n’était pas son genre de se donner ainsi en spectacle et je pense que j’aurais su la reconnaitre. Quand je vis apparaître une figure blonde et blanche dans un habit rouge, je plissais juste les yeux. Je ne connaissais pas ce visage et c’était plutôt étonnant quand elle semblait connaître Malia et mon adresse. Car elle était forcément celle ayant laissée cette invitation. J’attendis la fin de son spectacle, laissant mes yeux errer régulièrement sur la salle pour la surveiller. Je préférais choisir les lieux où je me trouvais, je n’avais que peu confiance dans le fait de me trouver dans un tel lieu probablement piégé. Je vis finalement la femme s’approcher de moi pour me poser une question avant d’affirmer qu’elle avait fait un tel spectacle pour moi. Je ne répondis rien, continuant à soutenir son regard apparemment malicieux. Je ne sais pas qui tu es petite moroï, car ton odeur te trahit, mais tu joues à un jeu bien dangereux dont tu ne maîtrises pas les règles. Elle continua à parler et je la laissais s’épuiser, continuant à l’analyser. Visiblement, je ne lui faisais absolument pas peur. Inconscience ou un atout caché ? Quelle drôle de ville.

« Je ne suis ni un homme à cabaret, ni un homme à boisson. Tu n’as qu’à la faire servir pour toi. »

Après tout, qui irait boire quelque chose préparé par un inconnu quand on avait autant d’ennemis ? Stupide. Stupide. Pour une fois, je suis d’accord avec toi. Enfin bien que tout dépendent de la personne stupide en question la petite voix. Je ne lâchais pas la moroï du regard quand je repris la parole, assez troublé par la couleur parfaitement reconnaissable de ses yeux. Je m’étais plongé dans un regard semblable pendant ce qui me semblait être des siècles.

« Maintenant j’aurais plusieurs questions pour toi. La première : comment as-tu eu connaissance de mon existence ? La deuxième : pourquoi avoir pris contact avec moi ? »

Qui es-tu ? Que veux-tu ? A quoi pensais-tu ? Autant de questions qui en découlaient de celles posées à voix haute. Autant de questions qui ne m’intéressaient que peu face à l’opportunité (ou au risque) de tomber sur un autre joueur dans l’échiquier géant que fournissait cette ville. Que deviendras-tu pour moi semble également être une bonne question à poser et j’attends avec patience la réponse. Parles donc maintenant ou je m’en irais après m’être assuré que tu ne deviendras jamais un danger, ma chère.

Who is the devil ?

Je me tenais sur mes gardes, des questions envahissant mon esprit sans y trouver pour le moment les réponses adaptées. Je m’étonnais presque de me présenter à ce lieu de rendez-vous sans mettre en place une recherche détaillée. Certes, j’avais pris le temps de faire quelques recherches le temps du trajet. Je connaissais parfaitement la configuration du club où j’étais invité ainsi que des rues aux alentours. J’avais eu quelques renseignements sur le patron du lieu et sur les services qui y étaient rendus. Mais c’était peu en comparaison de ce que je préparais habituellement avant une quelconque rencontre. Et je ne me leurrais pas inutilement, parfaitement lucide quant au fait que c’était la mention de Malia qui m’avait en réalité décidé. Le fait que cette inconnue, car cela ne pouvait être Malia dont je reconnaissais parfaitement l’écriture, sache parfaitement où j’habitais était dérangeant.

Je finis donc par me faire violence pour entrer dans ce lieu où les contacts étaient bien trop prononcés. Je n’étais pas autant dérangé que Lucas par ces derniers mais je ne tolérais qu’un nombre limité de contact et je sentais que j’atteindrais rapidement ma limite dans cette salle. Mon attention finit attirée par cette femme sur scène dans son ensemble rouge qui se faisait passer pour Malia. Cette femme finit par me rejoindre, me confirmant implicitement qu’elle était la raison de mon arrivée ici. Idiot, sombre idiot. Piège, piège. Je chassais rapidement cette voix inutile de ma tête car je n’avais pas besoin d’elle pour me rendre compte de l’évidence. A la place, je choisis de répondre à la femme pour lui dire de prendre elle-même ce verre, ce qu’elle fit pendant que je continuais à la scruter du regard, bien que je n’oublie pas le reste de mon environnement mais pour le moment elle était la personne la plus susceptible de devenir dangereuse. Bien que j’aie du mal à considérer un moroï comme un être dangereux, je ne mettrais pour autant aucune possibilité de côté. Après tout, j’étais destiné à mourir dans l’anonymat selon ce bon vieux docteur Stevensen et pourtant, j’étais maintenant l’un des strigoïs les plus dangereux de mon temps. En partie grâce à Malia d’ailleurs, même si Lucas aurait souhaitait le renier. Ce qui me poussa finalement à questionner soigneusement cette moroï. Je plissais le regard face à son choix de mot. Une référence à son âge ou à un vrai lien de parenté ce ‘grand-mère’ ? Après tout, Malia m’avait tant appris, même à me renseigner sur mes alliés et j’avais appliqué à la lettre ses conseils alors je savais qu’il lui restait de la famille. Je décidais de revenir plus tard à ce point puisque cette moroï venait d’avouer en même temps qu’elle avait le téléphone de Malia depuis un certain temps. Cela me fit me demander si les derniers contacts que j’avais eus avec la strigoï était vraiment avec la bonne personne.

« Je vois. »

Je n’ajoutais rien de plus, attendant plutôt qu’elle continue de parler et qu’elle réponde à ma deuxième question, ce qu’elle finit par faire après avoir tourné encore un peu autour du pot. Je haussais un sourcil, seule réaction extérieure face à ses propos. Vraiment ? Etait-ce une tare de cette génération ou juste un signe de folie ? Parce que pour décider que j’étais un morceau et encore plus que je pouvais lui appartenir, il fallait être folle. Elle continue à parler et m’agace un peu plus. Franchement, quel genre de pari était-ce donc ?

« Et qui est donc ce Zach ? »

Pour les personnes qui me connaissent un temps soit peu, le fait de voir que je montre si peu de sentiments laissaient à penser que quelque chose me déplaisait fortement. Je ne suis pas un grand émotif de base, mais pour tromper mon monde ou par simple amusement, il m’arrive de simuler des sourires ou un agacement feint. Or cette conversation me fait afficher un détachement froid qui est très mauvais signe. Et même si j’avais décidé d’avoir toutes les informations avant d’agir, je commençais à changer d’avis. Je laisse passer un peu de temps où nous recevons la boisson de la blonde et je hausse un sourcil en la voyant agir. J’ai enfin un prénom à mettre sur ce visage mais cela ne deviendra important que si je décide de la laisser vivre, ce dont je commence à douter. Non pas que je sois venu avec l’attention de la laisser vivre mais plus le temps passe, plus elle semble devenir une inutile complication. Elle pose une question mais ne me laisse pas le temps de répondre avant de décider de mettre les voiles en attrapant ma main pour m’entraîner à sa suite. Sur le moment, je me retiens de lui tordre le cou, me disant que cela entraînera plus de complications qu’autre chose. Je peux encore attendre quelques minutes pour cela. La voix du patron du club s’élève pour arrêter Hannah après que cette dernière se soit déplacée dans le club et je jette un regard à l’homme dans la cinquantaine, presque chauve, qui gère l’endroit. Je sais déjà que je repasserais une autre nuit pour mettre fin à sa vie et surement à celle de bien d’autres. Il y a trop de monde qui prononce le prénom de Malia dans ce lieu et ce n’est pas quelque chose que je peux laisser courir. Stupide. Mais non, c’est pourtant évident, si le nom de Malia continue de courir, cela attirera de bien curieuses et indésirables attentions. Stupide. Très bien, penses ce que tu veux petite voix.

Après à peine une minute de course, je me sépare de la main de cette moroï assez sèchement, reprenant un rythme de marche à allure humaine. Je peux lui reconnaitre quelque chose, elle sait courir avec de drôles d’armes aux pieds, j’ai rarement vu une mortelle aller aussi vite avec de tels talons. Mais ce n’est certainement pas cela qui lui sauvera la vie. Ainsi je finis par reprendre d’une voix calme, alors qu’elle reprend son souffle, notre conversation comme si de rien était.

« Effectivement, j’ai encore une dernière question. » Je plante mon regard froid dans le sien avant de reprendre la parole : « Pour quelle raison te laisserais-je la vie sauve ? »